Saumur, 1887 – Noémie Geay est introuvable

Première incursion vers les branches paternelles de l’arbre… Et premières difficultés rencontrées dans les recherches.

Lorsque je plonge dans le puits sans fond de la généalogie dans les années quatre vingt, les recherches se font sur place, dans les mairies qui détiennent leurs archives, ou au pire, par l’envoi d’une demande d’actes en précisant la date exacte, à défaut, en indiquant une petite fourchette d’années pour s’assurer un retour positif.

La famille de mon père est aussi originaire des Deux-Sèvres, mais du Nord, du côté des plaines thouarsaises et plus précisément de Missé.  Avec les livrets de famille en ma possession, je tente, un jour, ma chance auprès de la mairie de Saumur… Paradoxalement.

J’attends avec impatience la réponse de la mairie de Saumur : négative. Pas d’acte de naissance de Noémie. Rien à cette date. Introuvable. Saumur, 1887, Noémie est introuvable.

Le mystère, non seulement reste entier, mais s’épaissit.

Je suis un peu démunie. Je lis et relis ma demande, la réponse négative de la mairie, sans voir d’erreur de ma part ni de celle du service des archives. À contre-coeur, sans autre piste ou hypothèse en-tête, je décide de laisser tomber les recherches du côté de mon père. Mes ancêtres paternels ont, selon toute vraisemblance, changer de lieu à chaque génération et je ne sais pas vers quelle commune ou département me tourner. La réponse de Saumur, alors que j’avais toutes les informations, m’avait découragée.

Quelques années plus tard, alors que j’avais énormément avancé sur certaines branches maternelles (je suis arrivée au début du XVIIIe siècle très facilement, voire fin du XVIIe), requinquée par ces succès, je décide de me consacrer un peu plus aux branches paternelles et de reprendre mes recherches à zéro et de façon méthodique, en émettant des hypothèses.

img_0582-2A partir de mes arrières grands-parents paternels, je prépare une liste d’actes à trouver que j’envoie à la mairie de Missé. Dans cette liste figure l’acte de mariage des parents de Noémie que je situe avant 1887, en toute logique, et à Missé par pure hypothèse. La mairie me répond. Négativement pour certains actes et positivement pour d’autres, dont celui du mariage des parents de Noémie.

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Et là tout s’éclaire !  Henri Geay et Eulalie Boche, les parents de Noémie, se sont effectivement mariés à Missé le 11 décembre 1888, soit presque deux ans après la naissance de leur fille. Surtout, je découvre une note en marge de l’acte :

Et aussitôt les deux époux ont déclaré qu’il est né d’eux une enfant inscrite sur le registre  de l’état civil de la ville de Saumur en date du huit janvier mil huit cent quatre vingt sept sous le nom et prénom de BOCHE Noémie laquelle ils reconnaissent pour leur fille.

Le mystère était levé ! Je n’avais pas pensé une seule seconde à une naissance hors mariage. Je renouvelle avec succès cette fois-ci ma demande à la Ville de Saumur. Aucun membre de la famille ne semble être présent : la sage-femme fait la déclaration, assistée de deux non-parents habitant Saumur. Les parents d’Eulalie sont bien indiqués avec une erreur sur le prénom de sa mère, dite Clémence, en confusion certainement avec celui de la sage-femme. Le père est dit inconnu.

Eulalie, enceinte, avait dû être envoyée à Saumur, une grande ville, pour finir sa grossesse et accoucher loin des ragots et des rumeurs du village. Henri, son futur époux, maréchal de son état, est-il le père biologique de Noémie ? Certainement…peut-être… D’autres cas similaires sont apparus dans mes recherches et la note en marge de l’acte de mariage ne mentionnait pas alors la mention « il est né d’eux… » mais accordait à l’enfant une « simple » reconnaissance par l’époux.

Henri et Eulalie ont peut être rencontré l’opposition de leurs familles respectives. Le jeune âge d’Eulalie, 20 ans à sa grossesse, peut en être une des raisons. Le fait que Henri ne soit pas issu d’une famille de Missé, car né à Saint-Léger de Montbrun à quelques kilomètres, pouvait ne pas rassurer les parents d’Eulalie. Les Geay ne sont pas vraiment originaires du coin. Les parents de Henri ne vivaient pas ensemble non plus selon les indications contenues dans l’acte de mariage de leur fils : le père, profession de charpentier, était domicilié à Doret, un hameau de Missé et la mère, profession de débitante, à Saint Jacques de Thouars, ce qui ne devait pas être commun à l’époque. Ceux d’Eulalie vivaient ensemble, son père était tisserand et sa mère,  lingère.

Mais il semble que les deux futurs époux ont attendus d’être majeurs, en particulier Henri, pour régulariser la situation. Il n’y a aucune trace d’un éventuel acte respectueux adressé aux parents, procédure encore en vigueur en 1888. La majorité matrimoniale est, toujours en cette fin de XIXe siècle, de 25 ans pour les hommes et 21 ans pour les femmes. Pile poil l’âge de Henri, 25 ans et un mois révolus le jour de son mariage.

En tout état de cause, les parents des futurs étaient tous les quatre présents et consentants ce 11 décembre 1888.

En 1907,  Noémie, à l’âge de vingt ans, s’est mariée sous le nom de Geay, sans référence aucune à sa légitimation, comme ce fut aussi le cas à l’heure de son décès en 1955. Rien de tout ceci n’a jamais été évoqué par les générations suivantes ou connu d’elles. Mais cela aurait-il été nécessaire ?  🙂  Ma grand-mère m’a fait don d’une photo de sa mère, un des rares documents sauvegardés du côté de ma famille paternelle. Mon père qui l’aimait beaucoup nous a souvent parlé de Noémie, de sa profonde gentillesse et de son indéfectible affection envers  lui.

La naissance à Saumur de Noémie ne justifiait pas non plus encore la revendication d’une réelle origine angevine.

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