Augé, Poitou, 1er juillet 1665 – Un très Haut et Puissant parrain pour Charles Jules de la Chaussée

En parcourant les registres de la paroisse d’Augé, de la deuxième moitié du XVIIe siècle, et alors que je cherchais bien entendu totalement autre chose, mon œil est passé vite sur l’acte. En mode lecture diagonale, j’avais compris que les noms ne correspondaient pas à ceux que je cherchais. Mais ce même œil est vite revenu lire ces quelques lignes, presque incompréhensibles, car il avait été accroché par un mot, une ligne et par la longueur inhabituel d’un acte qui s’avérait être de baptême.

En relisant plus posément, j’ai du tout de même m’y reprendre à plusieurs fois pour identifier le baptisé, Charles Jules de la Chaussée, né le 1er juillet 1665 à Augé.

Le curé de la paroisse a bien failli oublier de le mentionner et a réparé son oubli en insérant ses deux prénoms entre deux lignes ! De plus, le baptême semble avoir déjà eu lieu il y a près d’un an…

La suite de l’acte nous donne les clefs de la panique du curé et de la date ancienne du baptême, renouvelé en ce jour d’été 1665.

Le baptisé d’un an a été mené et tenu sur les fonts baptismaux par son parrain, le Très haut et puissant Messire Armand Charles de Mazarin et de la Meilleraye , et sa marraine, la duchesse de Mazarin, sa femme.

Le duc est le fils de Charles de la Porte, neveu du Cardinal de Richelieu, marquis puis 1er duc de la Meilleraye, duc de Rethel, pair de France, baron de Parthenay (baronnie achetée en 1641) et de Saint-Maixent, comte de Secondigny… entre autres titres ! Mais ceux-ci prouvent l’ancrage poitevin de la famille tout comme le fameux château de la Meilleraye, à Beaulieu-sous-Parthenay dans lequel elle devait -peut-être- résider lors de ses séjours en Poitou.

Son fils, Armand-Charles, le Très haut et puissant parrain de Charles Jules de la Chaussée, devient à la mort de son père en 1664 (année de naissance de Charles Jules), le 2e Duc de la Meilleraye, et seigneur par conséquent de ces contrées du Poitou.

6D2A4300-98F0-4D68-A780-15A4F40351B9Mais surtout, il a épousé, en 1661, une des nièces du Cardinal de Mazarin, Hortense Mancini.Par ce mariage, Armand-Charles devient l’héritier du Cardinal à la condition d’abandonner son nom et de reprendre celui de Mazarin, ou à l’italienne, Mazarini.

C’est ainsi que ce 1er juillet 1665, il appose la magnifique signature de Le duc de Mazarini, et Hortense, celle de La duchesse de Mazarini, avec, plus humbles et après les leurs, celles de la famille du petit Charles Jules, dont on notera qu’il prend ainsi les prénoms de son parrain et du Cardinal de Mazarin.

Le mariage d’Armand-Charles et Hortense fut loin d’être sans nuages et heureux.

Mais, si en avril 2014, le Prince Albert de Monaco a pu déambuler dans les rues de Parthenay, à l’occasion de l’exposition La Meilleraye, destin d’une famille aux XVIIe et XVIIIe siècles, c’est parce que son ancêtre Louise d’Aumont est une descendante de Armand-Charles.

Accessoirement, les parents de Charles Jules de la Chaussée sont Hilaire de la Chaussée et Marie Demeré. Le curé d’Augé a bien du transpirer ce jour de juillet 1665 et pas uniquement à cause de la chaleur.

2 réflexions au sujet de « Augé, Poitou, 1er juillet 1665 – Un très Haut et Puissant parrain pour Charles Jules de la Chaussée »

  1. Tous ces grands noms donnent le tournis !
    C’est amusant car, très récemment, j’ai pu obtenir une copie de l’acte de mariage entre Pierre De LA PORTE originaire du Maine-et-Loire, premier valet du Roi, et Françoise COTIGNON, sur lequel est apposé la signature du cardinal Mazarin, présent à ce mariage. (Il sera aussi le parrain de son fils, Gabriel de la Porte).

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