Au début du mois de juin 2018, en France, sur le réseau social Twitter, @Gazetteancetres a partagé le #GénérateurSosa… Au hasard, en un clic, un numéro apparaît et il s’agit alors d’aller vérifier à quel ancêtre ce numéro correspond dans son arbre généalogique et bien évidemment, si possible, d’en parler.
69. Marie Magdelaine Renard. Ce nom ne me disait rien. J’ai même dû vérifier sa descendance pour me rémémorer où je me situais par rapport à elle. Branche paternelle. J’avais quand même déjà trouvé son acte de mariage, mais je ne l’avais même pas décrypté jusqu’au bout. C’est dire l’intérêt que je portais à Marie, et Pierre son époux.
On s’intéresse à certains ancêtres, on ne sait même pas pourquoi. Et d’autres qu’on regarde très vite… jusqu’au jour où l’on s’aperçoit qu’on a failli passer à coté.
La généalogie est en fait aussi injuste que la vie. Il faut parfois une petite étincelle, une plus grande attention, pour la rendre plus juste.
J’ai commencé à chercher bien évidemment des compléments à la biographie de Marie.
Sur Généanet, elle n’existe que dans mon arbre. Je suis la seule à la rechercher, à vouloir savoir qui elle est. Et j’ai failli ne pas le faire, ou si peu, si lentement. Sur Filae, elle apparait pour les baptêmes de ses enfants, rien sur sa naissance, et rien sur son décès.
Aujourd’hui, voici l’histoire, ou plutôt ce que j’en sais, de Marie Magdelaine Renard, dite Marie Renard.
L’histoire de Marie Magdelaine Renard, 1771-1848, Sosa69
Marie appartient à la branche paternelle de mon arbre. Elle est l’arrière grand-mère de mon arrière grand-père, François Cesbron dont je dis sur ce blog, qu’avant lui et sa fratrie, dans l’imaginaire familial, c’est comme si personne n’avait existé. Marie a existé.
L’histoire de Marie commence dans le Thouarsais, à Bouillé-Saint-Paul, qui aujourd’hui n’existe plus. En effet, depuis le 1er janvier 2017, Bouillé-Saint-Paul ne forme plus qu’une seule commune, Val-en-Vignes, avec ses voisines, Cersay et Massais.
Marie voit le jour, et a aussitôt été baptisée,le lundi 2 septembre de l’an de grâce mil sept cent soixante et onze, sous le règne de Louis XV. Elle est issue du légitime mariage de Pierre Renard et de Marie Chemineau, très certainement des gens de la terre.
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Pendant ce temps là… A Louveciennes, le lundi 2 septembre 1771, Madame du Barry fait la fête

Ce même lundi, à Louveciennes, Madame du Barry, la favorite de Louis XV, inaugure le nouveau pavillon de musique de son château, pensé par Claude Nicolas Ledoux, en y donnant une grande fête en présence du roi.
Au programme de la soirée, la représentation de « La partie de chasse de Henri IV », une pièce de Charles Collé, un souper en musique et un feu d’artifice
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À ma connaissance, la petite Marie est le cinquième enfant de Pierre et Marie, qui sont mariés depuis une dizaine d’années. Elle arrive dans la famille après Jean, né en 1763, Marie, décédée en 1769 à l’âge de cinq ans qu’elle ne connaîtra donc pas, Jeanne et René, nés respectivement en 1767 et 1769. Pierre Renard, leur père, meurt muni des sacrements à l’âge de quarante-cinq ans, le 11 septembre 1783. Marie n’a que douze ans.
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Pendant ce temps là… à Paris, en septembre 1783, le Traité de Paris met fin à la guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique

Quelques jours avant le décès de Pierre Renard, le 3 septembre 1783, l’Angleterre et les représentants des 13 colonies britanniques sur le territoire américain signe au 56 rue Jacob, dans le 6e arrondissement à Paris, le Traité de Paris qui met fin à la Guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique. Le même jour, les deux Traités de Versailles sont signés par l’Angleterre avec l’Espagne et la France qui récupèrent ainsi plusieurs territoires qui rejoignent le royaume de Louis XVI : les comptoirs d’Inde et du Sénégal et plusieurs îles dans les Antilles pour la France et Minorque et les deux Floride pour l’Espagne.
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Les années passent, Marie devient adulte, la Révolution et la fin de l’Ancien Régime arrivent. Elle assiste très certainement au mariage, à Thouars, de sa soeur Jeanne, en 1795 avec Pierre Derayes. Peut-être est-elle gagée elle aussi, quelque part dans les Deux-Sèvres, ce nouveau département créé en 1790.
Le 30 Brumaire de l’an VI de la République française une et indivisible, c’est à son tour de créer son foyer. Marie épouse Pierre Bienaimé dans sa commune de naissance, Bouillé-Saint-Paul. Elle a vingt six ans, Pierre aussi. Ils n’ont même qu’un mois moins un jour de différence, Pierre restant l’aîné. Il est domestique à Argenton-l’Eglise, mais est né à Cersay.
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Pendant ce temps là… le 30 Brumaire de l’An VI de la République française Une et Indivisible (20 novembre 1797), sous Bonaparte perce déjà Napoléon

Le 30 Brumaire An VI (20 novembre 1797), Napoléon Bonaparte, alors Pro-Consul en Italie pour la République française, prend un arrêté depuis Chambéry dans lequel il ordonne « aux départements du Mont-Blanc, de l’Isère, de la Drome, de l’Ain, des Hautes-Alpes et du Rhône d’envoyer dans la caisse du payeur de l’Armée d’Italie tout l’argent qui existe dans ce moment-ci dans leurs caisses et celui qu’ils pourraient percevoir dans le courant du mois de Frimaire, de manière que ces six départements puissent produire dans la caisse du payeur une somme de 2,5 millions à 3 millions de francs ».
Bonaparte était parti d’Italie depuis le 17 novembre, pour se rendre en Allemagne à Rastatt, où doitse tenir un congrès pour discuter des nouvelles frontières après les victoires françaises en Allemagne. Le 28 novembre, à l’ouverture du congrès, Bonaparte déclare « La République française ne souffrira pas que des hommes qui lui sont trop connus par leurs liaisons avec l’ancienne cour de France, portés peut-être sur la liste des émigrés, viennent narguer les ministres du premier peuple de la Terre. Le peuple français, avant de consulter la politique et l’intérêt, consultera le sentiment de sa dignité. » Bonaparte s’adressait à Axel Fersen, représentant de la Suède à Rastatt.
C’est encore le temps du Directoire, et sous Bonaparte perçait déjà Napoléon, comme l’a écrit Victor Hugo.
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Pierre et Marie habitent désormais à Bouillé-Saint-Paul où vont naître tous leurs enfants. Le premier, une fille prénommée Marie Jeanne, naîtra deux ans et une semaine exactement après leur mariage, le 27 novembre 1799, le 6 frimaire de l’an VIII suivi de Thérèze, Jeanne, Jean, Pierre, François, mon ancêtre en 1807, et enfin Renée Anastazie.
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Pendant ce temps là… quelques jours auparavant, le 18 Brumaire An VII, soit le 9 novembre 1799, Bonaparte devient Premier Consul
Sur une idée de Joseph-Emmanuel Sieyès, Bonaparte renverse le Directoire ce qui signe la fin des événements de la Révolution française. C’est le coup d’Etat du 18 Brumaire et le début de la période du Consulat. S’il s’agit encore d’un triumvirat, composé de Sieyès, Ducos et Bonaparte, ce dernier devient tout de même le Premier Consul. L’accueil de la population à cette prise de pouvoir forcée est plutôt bien accueilli et la police note le 22 Brumaire que « …on aperçoit les signes d’une véritable satisfaction. […] Au style de la plupart des rédacteurs de journaux il est facile d’apercevoir qu’ils partagent la satisfaction générale. » L’espérance, après des années de trouble, semble être revenue.
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Les enfants grandissent… mais Pierre meurt à 50 ans, muni des sacrements, le 10 février 1821, à son domicile des Touches, dans la commune de Cersay, où Marie et lui semblent être établis. Aucun des sept enfants n’est encore marié.
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Pendant ce temps là, en 1821
Bonaparte est devenu Napoléon 1er, mais l’Empire s’est effondré depuis 1815, et en 1821, la même année que Pierre, quelques mois plus tard, le 5 mai, l’Empereur va mourir sur l’île de Sainte-Hélène. Louis XVIII, le frère du Roi décapité est désormais sur le trône de France.
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Épilogue… 1848, une autre Révolution et vers la naissance d’un autre Empire !
Marie est présente aux mariages de ses enfants, ne s’est pas remarié. Pierre semblait être un personnage important de la famille, puisqu’on trouve son nom en tant que témoin dans de nombreux actes de l’Etat civil des uns et des autres.
Marie décédera le 12 février 1848, à Moutiers-sous-Argenton, certainement hébergée par sa benjamine Renée Anastazie, à l’âge vénérable de 77 ans. Quelques jours plus tard, le 22 février, débutera la Révolution de 1848 qui verra l’abdication du Roi Louis-Philippe et la naissance de la Seconde République… avant l’arrivée du Second Empire en 1852.
Sur son acte de décès, elle est déclarée âgée de 79 ans et fille de Jean Renard et de Marie-Jeanne Dudouet.
Son père s’appelait pourtant Pierre Renard et sa mère Marie Chemineau. La soeur de Pierre, sa tante donc, Laurence, morte en 1767, à l’âge de 34 ans, veuve une première fois, s’est remariée avec Pierre Dudouet ou Dudoit, dont le fils, dénommé aussi Pierre, a gardé des liens étroits avec la famille Bienaimé. Ceci explique certainement l’erreur et les trous de la mémoire familiale.
Il y a peu de traces de vie de certains ancêtres, et quand il y en a, elles sont tellement peu justes parfois qu’il est presque préférable qu’elles soient imprécises.
A Cersay, quelques années plus tard, une petite-fille de Pierre et Marie, Félicité Rosalie Bienaimé rencontrera et épousera Joseph Victor Cesbron.
Un bel hommage, mis en musique sur la portée de l’histoire.
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Merci beaucoup Sophie ! Je ne sais pas encore beaucoup de choses sur Marie mais le générateur m’a incitée à aller déjà plus loin que ce que j’avais ! Alors encore une fois merci 😊
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