Verruyes, XIXe siècle – Le méli-mélo des Niv(e)au(lt)

Lorsque je débute mon arbre généalogique, du côté maternel, je sais que je vais avoir à gérer des homonynies et que je vais devoir faire attention à ne pas m’emmêler les pinceaux…

Le père de ma mère s’appelle Niveault, Denis Niveault. Avec un E au milieu et LT à la fin. Branche 1.

La grand-mère de ma mère, la mère de sa mère Marie-Louise Babin, s’appelle Marie-Louise Nivault (qu’on appelle au quotidien Louise) selon son acte de naissance de 1872. Branche 2.

Et enfin, l’arrière grand-mère de ma mère, la grand-mère de sa mère Marie-Louise Babin, la mère de son grand-père maternel, Célestin Babin, s’appelle Virginie Nivault ou Niveau. Branche 3.

Vous suivez ? 🤗

Ces trois branches, Niveault, Niveau, Nivault, avaient elles le même tronc ?

Si j’interrogeais la famille, je m’entendais répondre que les trois familles n’avaient rien à voir ensemble. Les Nivault de Louise étaient dissidents, contrairement aux Niveault de Denis mon grand-père, républicain et plutot laïc et ceux de Virginie étaient les meuniers du Moulin neuf. Bref, rien à voir ! Même  si j’ai toujours eu la preuve que le père de Denis avait des origines dissidentes… Mais bon 😏…

A Verruyes, encore aujourd’hui les Niv(E)au(LT) sont très nombreux et on parlait toujours d’eux en ajoutant le nom du hameau où ils habitaient : Ceux de l’Aujardière (nous), les Niv(E)au(LT) de la Roussière, ceux de la Renardière, ceux de La Rebardière… Ce qui conférait un air de petite noblesse régionale assez amusante. Je m’en moquais en nous surnommant les Niveault de l’Aujardière de Verruyes en passant par Mazières-en-Gâtine :-). Certains sont dits cousins mais jamais par la branche qu’on croit et surtout pas par celle des Niv(E)au(LT)… La pelote était déjà bien embrouillée et je me souviens m’être dit de ne pas tenir compte de ce que l’on me disait et de faire mes recherches à la régulière et qu’on verrait bien. Parfois les lumières des Anciens n’éclairent pas grand chose…🤔

Ma mère se souvient que, petite, il lui a été demandé de modifier l’orthographe de son nom usuellement écrit Nivault, sans le E au milieu, en Niveault avec le E. Après vérification des papiers en ma possession et un passage à la mairie de Verruyes où mon grand-père Denis s’est marié et celle de Saint-Georges de Noisné où il est né, je constate que Niveault, avec le E est la bonne orthographe : dans les deux cas, à sa naissance et à son mariage, le patronyme de Denis est bien orthographié Niveault avec le E au milieu.

Mais lorsque je remonte à son père, les choses se compliquent. Si, à son décès en 1913, le nom d’Auguste (branche 1)  est orthographié Niveault, avec le E au milieu et le LT A la fin – ce qui justifie la correction observée par ma mère dans son enfance -,  en 1867, à sa naissance, l’état civil l’écrit Niveau tout en appelant son père Louis, Niveault. Et le bouquet final est en 1896 lors de son mariage ! Selon son livret de famille religieux, il s’appelle Nivault, alors que la mairie le même jour, l’écrit Niveault.

Bref, je comprends pourquoi ma mère s’appelle Niveault avec un E mais je subodore fortement que cette partie de la famille est liée à l’une des deux autres voire que les trois ont un lien commun.

Les changements de nom sont une spécialité familiale au XIXe siècle au moment où l’orthographe patronymique se fige presque définitivement. Mon arrière grand-mère, Louise Nivault a fait officiellement modifier le sien à l’occasion de son mariage avec Célestin Babin : l’acte de mariage de 1894 stipule expressément que Nivault est une erreur et que le véritable nom est Niveau. Je me dis qu’il n’existe alors aucun lien de parenté entre mes  arrière-grands-parents, Louise Niveau, la mère de Marie-Louise et Auguste Niveault, le père de Denis, leurs noms, finalement, n’étant pas les mêmes.

Je poursuis normalement mes recherches et plus facilement du côté de Louise (branche2). Ses ascendants sont tous originaires de Verruyes alors qu’Auguste (branche 1) est mort  à Saint-Georges de Noisné et né à Beaulieu-sous-Parthenay. Il sera plus compliqué de m’occuper de ses ascendants apparemment moins sédentaires.

Et bien, Louise Niveau est la fille de Pierre… Nivault ! Pierre est né en 1840, s’est marié en 1862, est décédé  en 1904  à Verruyes et chaque acte  civil de sa vie stipule Nivault. Sans le E au milieu et avec le LT à la fin. Bref, je m’en veux d’avoir décidé d’inscrire chaque ancêtre dans l’arbre généalogique avec l’orthographe du nom à sa naissance !

Et je m’interroge encore une fois : la famille de Pierre Nivault a-t-elle un lien, cette fois-ci, avec celle de Virginie Nivault, celle des meuniers du Moulin Neuf ? Je m’acharne à vouloir trouver ce lien et je remonte, je remonte…

Pierre Nivault junior est le fils de Pierre Nivault, bordier, marié à Louise Massé et décédé à Verruyes mais né à La Boissière-en-Gâtine. Lorsque Pierre senior meurt, sous le patronyme Nivault, son fils Pierre junior signe Niveau, d’où certainement l’idée de la véritable orthographe à faire valoir des années plus tard.

Je demande par courrier à la mairie de la Boissière l’acte de naissance de Pierre senior.


Et là, oh surprise ! Pierre senior est né Niveault, en l’an 11 soit en 1803, mais on sent une indécision du scribe municipal dans l’orthographe à retenir : son père Jacques y est dénommé Niveault mais aussi Niveau et sa mère Louise, Bonenfant et Bonnenfant. Pierre signe mais la seule certitude au décryptage est que le LT final est bien présent.

Là, je me dis vraiment que l’orthographe d’un nom ne signifie rien ou alors … Que la lignée de Louise Niveau a peut-être des accointances avec celle d’Auguste Niveault finalement.

Bref, à l’occasion des vacances, je reprends les recherches du côté d’Auguste. Ses parents sont Louis Niveault et Rose Rimbeau, selon son acte de naissance en 1867. Les recherches s’annoncent cependant difficiles puisqu’Auguste est né à Beaulieu et décédé à Saint-Georges après s’être marié à Verruyes.

Je m’arme de patience et décide désormais de parcourir les registres, par facilité, en premier, ceux de Verruyes en décryptant tous les actes concernant un Niv(E)au(LT) quelque soit l’orthographe du patronyme pour retrouver Louis Niveault. Pari réussi.

Louis a bien fini ses jours à Verruyes en 1900, ses fils Auguste et Louis-Joseph attestent de son décès. Ses parents sont Louis Nivault et Marie-Anne Godard. Il naît à Verruyes en 1827 et l’un des témoins de sa naissance est un certain Pierre Nivault, âgé de vingt-quatre ans. Ce Pierre serait né aux alentours de 1803. Hum… Comme Pierre senior, le grand-père de Louise Niveau (branche 2).

Je ne sais pas pourquoi j’ai manqué de persévérance en ne recherchant pas plus ardemment à Verruyes le mariage de Louis senior avec Marianne Godard, qui m’aurait aussi donné toutes les réponses, toujours est-il que je redirige mes recherches sur Saint-Lin où est décédée Rose Rimbeault, la femme de Louis junior. Et en fouillant les registres… Bingo ! L’acte de décès de Louis senior avec la confirmation de mon intuition. N’ayant pas eu le droit de faire une photocopie, je retranscris à la main l’acte.

Louis senior est décédé à Saint-Lin le 12 août 1880, ce qu’attestent ses deux fils, Louis (junior) et François. De son vivant, époux de Marianne Godard, né aux Groseilliers, mais surtout fils de Jacques Niveault et Louise Bonnenfant.

Ainsi Louis senior, arrière grand-père de Denis Niveault (branche 1) et Pierre senior, arrière-grand-père de Marie-Louise Babin (branche 2 par sa mère, Louise Niveau), l’épouse de Denis, étaient frères. Mission accomplie ! Les branches 1 et 2 n’en font qu’une. Toutes les vérifications ultérieures n’ont fait que confirmer cette réalité.

Niveault, Nivault ou Niveau… Même combat. Même si pour l’heure, je n’ai pas encore trouvé de liens entre cette branche 1/2 avec celle des Nivault, les meuniers du Moulin Neuf, la branche 3, j’ai l’intuition que la parenté existe mais qu’elle est plus lointaine, qu’elle se situe plutôt à la fin du XVIIe siècle. Il ne s’agit là que qu’un apprentissage nécessaire à la gestion d’implexes …. D’autres plus complexes allaient venir !

En tout état de cause, cette découverte confirme aussi la double appartenance familiale à la dissidence, la Petite Eglise. Celle d’Auguste, prouvée par son livret de mariage religieux mais méconnue au sein de la famille, et celle de Louise, transmise oralement à travers les générations et par quelques documents.

Jacques Nivault et Louise Bonnenfant, leurs aïeux communs, semblent en 1801, avoir pris cette décision de sortir de l’Eglise catholique romaine, ce qui allait durer près d’un siècle. Mais ceci est une autre  histoire…

NB : un cachet d’aspirine pour les lecteurs est à disposition à droite en sortant de l’article 😇

6 réflexions au sujet de « Verruyes, XIXe siècle – Le méli-mélo des Niv(e)au(lt) »

  1. […] trouve Louise Bonnenfant et Jacques Nivault, mon couple fétiche de dissidents, qui auront pour descendants mon grand père Denis et ma grand mère Marie-Louise, et sur lequel mes recherches étaient arrêtées à l’époque. Je découvre ainsi tout un […]

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