Chère petite amie,
Deux mots ce matin comme je suis de garde pour 24 heures et quand on y est, c’est le moment que l’on ne mouille pas sa chemise.
On regarde les passants et les avions voler quelquefois par dizaine, même hier soir on a eu la visite d’un de ces oiseaux boches mais il n’a pas été méchant, il nous a rien dit.
À part ca, pas grand chose de nouveau.
On a recommencé à faire ce sacré exercice dans la neige et dans la boue. Ah je t’assure que ce n’est pas le filon. Ca ne vaut pas la vie civile. Vivement la perme de dix jours.
Allons au revoir bien le bonjour à tous là bas. En attendant reçois mes sentiments les plus affectueux et mes meilleurs baisers.
Denis Nivault
Denis est arrivé vers Heramenil, Parroy… pas très loin des lieux où était stationné Louis Victorien Désiré Dutin, son parrain au début de la guerre, en 1914. Le journal des marches et des opérations fait bien référence le 30 octobre, la veille, aux travaux de réfection des tranchées sous la pluie et dans la boue. Ce même jour, un soldat de la 9e compagnie est tué par éclat d’obus.